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NORIAKI (YOSHIRO) INOUE
Noriaki (Yoichiro) Inoue est né à Tanabe en 1902.
Son père Zenzo, négociant aisé, ainsi que son frère Koshiro, possédaient beaucoup de biens.
Zenzo épousa la sœur aînée de Morihei Ueshiba, Tame. Yoichiro était le quatrième enfant. Son oncle Morihei Ueshiba avait 19 ans de plus que lui. L'implication de leur famille fit qu'ils se côtoyèrent de longues années.
Morihei fut apprenti chez Koshiro Inoue lorsqu'à 19 ans, il partit pour Tokyo (en 1901), où avaient déménagé Zenzo et son frère Koshiro pour leurs affaires.
C'est à cette époque qu'O Senseï commença sa première formation en Tenjin-ryu ju-jitsu.
Morihei et Yoshiro étudièrent également le judo surtout pour canaliser Yochiro qui était un enfant très turbulent.
Plus tard, Zenzo confia son fils à Morihei Ueshiba lors de son installation dans le Nord-Est de l'Hokkaido, dans les alentours de Shirataki.
En 1915, Morihei participa à un séminaire privé mené par un expert de Daito-ryu jujitsu nommé Sokaku Takeda dans la ville voisine de Engaru. Yoshiro avait 13 ans. Il ne voulut pas pratiquer avec Takeda Sokaku mais étudia avec son oncle Morihei Ueshiba.
À l'âge de 15 ans, Yoshiro découvrit la religion Omoto et étudia avec Onisaburo Deguchi Senseï en 1920. Il vivait et respirait Omoto.
Morihei Ueshiba rejoignit la secte un peu plus tard. Il continua à étudier avec son oncle qui dispensait des cours aux proches étudiants de l'Omoto. Puis il retourna à Tanabe et enseigna les arts martiaux. Après le retour de son oncle de Mongolie, Yoichiro l'aida dans la diffusion de l'Aïkibudo dérivé du Daito ryu, transformé par l'expérience martiale de son oncle.
Dans les années 20, Noriaki devint instructeur assistant sous la direction de Maître UESHIBA.
De 1927 à 1931, ils enseignent à Tokyo, jusqu'à la construction du Kobukan.
En 1932, Inoue enseigna l'Aïkibudo à Kameoka , le centre administratif de la religion Omoto, au Budo Senyokai jusqu'en 1935 et à Osaka et contribua au développement de l'Aïkibudo.
Après le second incident de la secte Omoto, Noriaki s'éloigna de son oncle en l'accusant de trahir la cause en ne partageant pas le destin de ses dirigeants.
Ce second incident eu lieu le 8 décembre 1935, quand le gouvernement militaire japonais ordonna à nouveau la suppression de la religion Omoto et détruisit une grande partie de ses biens.
Onisaburo DEGUCHI avec sa femme, Sumi, et plusieurs autres dirigeants Omoto, furent arrêtés et condamnés pour avoir troublé la paix et commis des crimes de lèse-majesté. Le BUDO Senyokai a été démantelé et Morihei Ueshiba a été contraint de rompre son association avec la secte religieuse.
Après la guerre, INOUE Senseï continua à enseigner dans Tokyo, indépendamment de Maître Ueshiba.
En 1956, il donna une démonstration publique et nomma pour la 1ère fois son art Shinwa Taïdo (voie de l’affinité physique) ; puis il l’appela finalement Shin'ei Taïdo quelques années plus tard.
Profondément croyant et attaché à l’enseignement Omoto, il s'occupa d'un petit groupe d'adeptes à Kunitachi (Tokyo) et cela jusqu'à sa mort en 1994, à l’âge de 92 ans. Lui et sa famille ont joué un rôle central dans les débuts de la vie de Morihei Ueshiba et du développement de l'Aïkido.
Interview with Noriaki Inoue (1)
Interview with Noriaki Inoue (2)
Interview with Noriaki Inoue (3)
12/11/2013 | Lien permanent
KOICHI TOHEI
Tohei with Aïkido Founder Morihei Ueshiba in 1953 (Aïkido journal)
KOICHI TOHEI naquit en 1920, non loin de Tokyo.
N'étant pas de constitution robuste, il commença le judo pendant son enfance. Très tôt, il fut premier dan.
Une inflammation de la plèvre le stoppa dans sa pratique du judo. Afin d'endiguer cette maladie, il commença l'étude de la méditation Zen et du Misogi (pratique shinto de purification) avec autant de fougue que son implication dans la pratique martiale. Il guérit de sa pleurésie et fut convaincu que cela provenait de sa pratique de purification et de son entraînement de l'esprit à travers le Ki. Il reprit le judo mais celui-ci ne semblait plus convenir à son cheminement.
Son professeur lui fit rencontrer Morihei Ueshiba au Kobukan dojo. C'est ainsi qu'il commença à pratiquer l'Aïki-Budo. Il fut impressionné par la facilité avec laquelle Morihei Ueshiba projetait ses adversaires. Peu de temps après, il commença à enseigner.
Il étudia au Kobukan jusqu'à son départ pendant la guerre pour la Chine. Il rentra au Japon en 1946, retrouva son Maître installé à Iwama et reprit sa formation avec O Senseï.
En parallèle il étudia le Shïnshïn Toïtsu Do avec Tempu Nakamura Senseï, Maître de Yoga, qui lui enseigna l'importance de l'unification du corps et de l'esprit. Un autre Maître eut de l'importance pour lui, ce fut Tetsuju Ogura, élève de Teshu Yamaoka, Maître de Ken Jutsu et de Zen, qui enseignait le Zazen et le Misogi.
Après la guerre, Kochi Tohei fut l'un des plus hauts gradés du Hombu Dojo. En 1952,O Senseï lui donna le 8°Dan. Un an plus tard, il fit son premier voyage à Hawaï pour diffuser l’Aïkido et y resta une année. Il fit de même en 1955.
Il fut le directeur technique de l'Aïkikaï de 1956 à 1974. En mai 1960, il devint 9° Dan.
Pour l'ouverture de l'Honolulu Aïkikaï, en 1961, O Senseï fit le voyage avec Kochi Tohei. Tohei Senseï voyagea également aux États-Unis et en Europe à plusieurs reprises.. Sa manière d'enseigner avec sa conception de l'approche du Ki eut une résonance particulière aux États-Unis, où sa vision se développa rapidement.
En 1969, trois mois avant sa mort, Morihei Ueshiba le nomma 10° Dan.
Suite à des tentatives pour introduire sa vision des principes du ki à l'Aïkikaï, et à des différends en particulier avec Kisshomaru Ueshiba et certains shihans, il quitta le Hombu dojo en 1974.
Trois ans avant, il créa le Shïnshïn Toïtsu Aïkido connu comme Ki-Aïkido et le Kiatsu, la Ki no Kenkyukai ou Ki Society, organisation reconnue en 1977 par le ministère de la santé et du Travail du Japon comme spécialisée dans l'enseignement du Ki.
Kochi Tohei insistait sur la notion de coordination du corps et de l'esprit comme préalable à la pratique de l’Aïkido.
Son style sautillant particulier nous montre une autre facette d'une pratique qui, à première vue, semble farfelue mais ceci bien sûr n'est qu'une illusion... La plupart les grands Shihan d'aujourd'hui ont été formés à une période par lui.
Kochi Tohei s'éteignit le 19 mai 2011, à l'âge de 91 ans.
extrait d'un
Entretien avec Koichi Tohei (1), par Stanley Pranin
06/11/2013 | Lien permanent
CONTES ET RECITS DES ARTS MARTIAUX (Albin Michel 1981) #9
Le champion et le Maître
Umedzu était un champion d'escrime dans sa province. Apprenant que le célèbre Maître Toda Seigen était de passage dans la ville où il enseignait, Umedzu fut impatient de se mesurer à lui.
Quand on demanda à Seigen s'il relevait le défi que lui lançait le champion provincial, il répondit : "Il n'en est pas question. Je ne vois aucune raison de me battre avec cet homme, n'ayant rien à prouver. Répondez-lui qu'un combat de sabre se déroule entre la vie et la mort et que je ne puis accepter à la légère d'en assumer les risques."
Prenant cette réponse pour une excuse de la part de Seigen, qui craignait apparemment d'être vaincu et de perdre sa réputation, Umedzu fit connaître publiquement le refus du Maître et n'hésita pas à le traiter de lâche.
Le seigneur de la province eut vent de l'affaire et s'y intéressa vivement car il était lui-même passionné d'escrime. Il fit porter un message à Seigen dans lequel il le priait courtoisement d'accepter la rencontre. Celui-ci refusa de répondre. La requête fut renouvelée trois fois et le ton devenait de plus en plus insistant.
Seigen ne pouvait refuser plus longtemps car sinon il enfreignait les règles et obligations du samouraï, qui doit obéissance aux autorités féodales. Il se résolut donc à combattre Umedzu.
L'arbitre, le lieu et la date de la rencontre furent alors rapidement choisis.
Décidé à mettre toutes les chances de son côté, Umedzu se rendit en toute hâte dans un sanctuaire Shinto. Il y passa trois jours et trois nuits de suite à pratiquer un rite religieux de purification, cela afin de se préparer au combat et de se concilier les dieux.
Quelqu'un raconta à Seigen tous les détails de la préparation de son adversaire et il lui suggéra d'en faire autant. Mais le Maître sourit tranquillement et déclara : "Je tente à chaque instant de cultiver dans mon cœur la sincérité et l'harmonie intérieure. Ce n'est pas quelque chose que les dieux pourront me donner en des moments critiques."
Comme cela avait été fixé, les deux combattants étaient au rendez-vous.
Le seigneur provincial s'était déplacé en personne avec une grande partie de sa suite pour assister à cette rencontre tant attendue.
Accompagné par une foule d'élèves et d'admirateurs, Umedzu portait un bokken, un sabre de bois de plus d'un mètre de long. Seigen quant à lui, tenait un bâton qui faisait à peine quarante centimètres.
Voyant cela, Umedzu s'adressa à l'arbitre pour exiger que son adversaire ait lui aussi un bokken réglementaire. Il ne voulait pas que sa victoire soit attribuée à l'arme ridicule de Seigen !
La réclamation fut transmise à ce dernier qui refusa en répondant qu'il se contenterait de son bout de bois. L'arbitre décida finalement que chacun garderait son arme respective.
Umedzu s'élança furieusement dans la bataille par des attaques vigoureuses et répétées. Telle une bête féroce, il bondissait et rugissait. Son arme s'abattait avec une précision redoutable et fauchait avec une vitesse prodigieuse.
Presque nonchalant, le Maître Seigen évitait chaque coup avec la souplesse et la grâce d'un chat. Son regard complètement indifférent ne quittait pas les yeux de l'adversaire, son propre corps parfaitement détendu paraissait jouer, danser avec le sabre qui le frôlait d'une façon inquiétante.
Umedzu, hors de lui, manœuvrait son bokken de toutes ses forces et rageait de frapper dans le vide.
Ce fascinant ballet ne dura pourtant pas longtemps. Tout à coup, sans que l'on sache pourquoi, le champion s'immobilisa. Une douleur intense se lisait sur son visage. Le petit bâton du Maître l'avait certainement touché mais personne n'aurait su dire où.
Seigen en profita alors pour saisir le bokken de son adversaire. L'ayant jeté au loin, il s'apprêtait à quitter l'aire du combat en y laissant Umedzu seul avec sa cuisante défaite.
Mais celui-ci, dans un accès de rage, dégaina le poignard qu'il avait gardé à la ceinture et se rua sur le Maître.
Dans un mouvement à peine perceptible, le petit bâton de Seigen siffla dans l'air.
Il frappa de nouveau mais cette fois, Umedzu s'écroula de tout son poids.
06/01/2014 | Lien permanent
ROBERT FRAGER
Robert Frager a commencé la pratique en Aïkido en 1964. Il a pratiqué avec le fondateur, Morihei Ueshiba, ayant notamment été Otomo et uke. Il s'est également formé intensivement avec Morihiro Saito Sensei, 9ème dan, et Michio Hikitsuchi Sensei, 10ème dan, et aussi avec Motomichi Anno Sensei et bien sûr Koichi Tohei Sensei. Pendant cinq ans, Frager Sensei a travaillé étroitement avec Hiroshi Kato Sensei, 8ème dan.
Robert Frager avec O Sensei.
IL pratiqua également le Yoga sous la conduite de Paramahansa Yogananda et étudia plus de douze années.
À son retour aux États-Unis, il a invité Robert Nadeau Shihan, pour donner des cours avec lui à Esalen. Robert Nadeau a lui aussi étudié à la même période avec O Sensei. En 1968, il a fondé le Club d’Aïkido Cal et en 1969,le Club d’Aïkido Santa Cruz .
Docteur en psychologie, diplômé de l'Université Harvard, il a fondé l'Institut de psychologie trans-personnelle de Sofia-Palo Alto, en Californie en 1975. Ce cursus conduit à un diplôme de psychologue trans-personnel. Il a inclus dans la formation la pratique de l’Aïkido.
Il s'engagea également dans la voie du Soufisme par l'intermédiaire de son Maître Muzaffer Efendi. Il est également enseignant soufi, ou cheikh, dans l'Ordre Halveti-Jerrahi.
Il a étudié le taï-chi avec Maître Choi Kam Man à San Francisco,
ainsi que la méthode Feldenkrais.
(Docteur en sciences physiques, Moshe Feldenkrais rencontra Jigorō Kanō en 1933 et 1934 et devient la première ceinture noire de Judo en France. C'est lui qui invita Mikinosuke Kawaishi pour enseigner le Judo en France. Suite à un accident du genou et refusant l'opération, il s'intéressa à toutes les disciplines et méthodes en lien avec la récupération physique aussi bien Yoga, rééducation, neurophysiologie, psychothérapie, etc. Il découvre une méthode grâce à la conscience du mouvement, à l'observation et l'exploration de certains mouvements du corps, qui pourraient être liés au même processus de l'apprentissage de la marche par les enfants. Il a ainsi pu reprendre le Judo. Il commença à enseigner sa méthode dans les années 1950. Puis il va aux États-Unis pendant 11 ans où il forma un grand nombre d'élèves en particulier à San Francisco.)
Robert Frager a aussi étudié le Judo avec Hal Sharp et le Karaté avec Ed Parker.
L'Université de Sofia-Palo Alto est le siège de l'Association de l'Ouest Aïkido, association lancée en 2011 par Robert Frager Sensei, officiellement reconnue par le Hombu Dojo Aïkikaï de Tokyo, comme une organisation affiliée... C'est aussi un lieu d'archives de plus de 5 000 photos et documents d'O Sensei et de l’Aïkido d'Hiroshi Kato.
L'un des objectifs de l'Association de l'Ouest Aïkido est de soutenir aussi les dojos qui ne sont plus affiliés à l'Hombu Dojo.
Robert Frager Sensei est promu 7ème Dan en 2005 par l'Aïkikaï Hombu Dojo.
Robert Frager 09 Dec 1995
Robert Frager Sensei 7th dan.AVI
Western Aikido Association at the Suginami Aikikai 2013 Embukai Tokyo Japan
sources : aikidojournal, examiner.com
26/11/2014 | Lien permanent
JO THAMBU
En 1972, Joe Thambu Shihan a commencé sa formation d'Aïkido à l'âge de 11 ans, sous la tutelle de son oncle, Thamby Rajah Senseï, le père de l’Aïkido en Malaisie. Adolescent, Thambu Shihan a étudié un certain temps le Kendo et le Shindo Muso Ryu Jodo. En 1978, Thambu Shihan est testé pour son Shodan et peu de temps après, à l'âge de dix-neuf ans, il a voyagé en Australie où il a commencé sa formation en Aiki-Kai, tout en étudiant à l'Université. Après avoir décidé qu'il ne convenait pas à cela, Thambu Shihan s'est tourné vers le Ju-jitsu avant d'ouvrir le premier Dojo d'Aïkido Yoshinkan à Melbourne, en Australie.
En 1983, Thambu Shihan a voyagé au Japon pour poursuivre sa formation de l'Aïkido. Alors au Japon, il a vécu et étudié à l'Yoshinkan, le Hombu Dojo à Tokyo. A son retour en Australie, Thambu Shihan établit ses premiers locaux à St Georges Road à Melbourne et mit en mouvement la première maison de l'Aïkido Shudokan. Ce devait être le premier Dojo Yoshinkan permanent à être lancé en Australie.
Depuis 1983, Thambu Shihan est revenu au Japon plusieurs fois, notamment en 1993, quand il a été testé pour son cinquième dan par Soke Shioda Gozo, le fondateur de l'Aïkido Yoshinkan. À l'époque, Thambu Shihan était le plus jeune étudiant non-japonais de l'Aïkido à être classé à ce rang et il avait également le privilège d'être le dernier élève à être testé par Soke Shioda Gozo avant sa mort en 1994.
Thambu Shihan, le chef instructeur de l'Aïkido Shudokan, a été un praticien de l'Aïkido depuis plus de 36 ans. Pendant ce temps, il a formé de nombreux grands instructeurs, y compris : Soke Shioda Gozo, le fondateur de l'Aïkido Yoshinkan, Inoue Kyoichi Kancho, Hida Tsutomu Shihan et Takeno Takefumi Shihan, tous les enseignants d'Aïkido influents, Thamby Rajah Senseï, Don Draeger, Soke Obata Toshishiro, le fondateur de Shinkendo et Shihan Nariyama Tetsuro, le chef Instructeur de Tomiki Aïkido. Tous ces maîtres sont de renommée mondiale pour les Arts Martiaux.
Thambu Shihan a continuellement œuvré pour faire un nom pour l'Aïkido Shudokan dans la communauté des Arts Martiaux, à la fois localement et à l'étranger. En 1997, Thambu Shihan reçut du Blitz (magazine d'Arts Martiaux) "Hall of Fame Aikido instructeur de l'année», en reconnaissance de ses réalisations exceptionnelles et peu de temps après en 2001, Thambu Shihan a testé et a obtenu son sixième dan. Chaque année, l'Aïkido Shudokan reçoit un flux constant de visiteurs internationaux et Thambu Shihan continue à enseigner, former et démontrer son Aïkido dans le monde des hommes, des femmes et des enfants. Lors d'une de ces visites mémorables en 2005, Thambu Shihan a été présenté à la Tokubetsu Embu Sho (un prix décerné pour la meilleure démonstration), lors de la 50e All Japan Aïkido Yoshinkan démonstration.
Grâce à la richesse de son expérience, Thambu Shihan a rendu l'Aïkido accessible aux métiers de la Sécurité, où il a combiné sa formation martiale avec des années d'expérience de la sécurité et du contrôle de foule d'une manière tout à fait unique. En outre, la capacité de Thambu Shihan à appliquer sa formation d'Aïkido de diverses façons a fait de lui un très recherché conférencier à des séminaires de formation.
En reconnaissance pour son dévouement à l'Aïkido, Thambu Shihan a obtenu son septième dan par Shioda Yasuhisa Kancho, l'ancien chef de l'Aïkido Yoshinkan en Décembre 2007 et a été promu au rang de "Shihan" en Octobre 2008. Joe Thambu Shihan est le premier non-Japonais à recevoir ce titre du Hombu Dojo Yoshinkan. C'est un titre bien mérité. En outre, il a reçu un doctorat honorifique de l'Université Ouverte Pacifique Asie des Arts Martiaux, le 8 Juillet 2012 pour sa contribution durant toute sa vie aux Arts Martiaux.
A ce jour, Thambu Shihan continue de propager l'art de l'Aïkido dans le monde entier et a joué un rôle dans le développement de l'Aïkido à travers l'Asie du Sud-Est, le Royaume-Uni, les États-Unis, la Pologne, la République tchèque, les Pays-Bas et l'Iran....
biographie tirée du site :
http://www.aikidoshudokan.com/studying-with-us/joe-thambu-shihan
Histoire de l'Aïkido Shudokan
Joe Thambu démonstration 2005
all japan aikido yoshinkan
06/08/2014 | Lien permanent
HISTOIRE DU KATANA
KATANA
L'ancêtre du katana, le tachi, est l'oeuvre d'Amakuni Yasutsuna, le forgeron qui imagina une lame courbe à un seul tranchant. Initialement, les sabres étaient des lames droites à double tranchant.
TACHI
La légende est la suivante :
"Un jour, Amakuni et son fils Amakura assistèrent, du seuil de leur magasin, au retour des troupes de l'Empereur. Bien que ce dernier ait l'habitude de venir saluer Amakuni, ce jour-là il l'ignora et passa devant les forgerons sans même leur accorder un regard. C'est alors qu'Amakuni remarqua que de nombreux guerriers revenaient avec des épées brisées.
Bien décidés à arranger les choses, Amakuni et Amakura examinèrent les armes endommagées. Ils en conclurent qu'elles étaient mal forgées et que lorsqu'elles frappaient des surfaces dures telles que les armes ou les armures des adversaires, elles ne résistaient pas au choc. Amakuni repensa alors au dédain exprimé par l'Empereur. Les yeux embués de larmes, il se jura : « Si c'est ainsi qu'ils utilisent leurs armes, alors j'en forgerai une qui ne se brisera pas. »
C'est avec ce serment que Amakuni et son fils s'enfermèrent dans leur forge, et prièrent les divinités Shinto pendant sept jours et sept nuits. Puis, Amakuni sélectionna le meilleur minerai de fer qu'il put trouver et le raffina en acier. Les deux hommes travaillèrent ensuite sans relâche à une tâche qui semblait impossible. Un mois plus tard, ils sortirent épuisés de leur forge, avec une épée qui présentait une lame courbe à simple tranchant. Indifférent aux autres forgerons, qui le déclaraient fou, Amakuni affûta et polit cette nouvelle arme.
Durant les mois suivants, les deux hommes poursuivirent leur travail et forgèrent plusieurs types d'armes améliorées. Au printemps suivant, il y eut une nouvelle guerre. Au retour des Samouraïs, Amakuni vit passer une trentaine d'épées présentant des lames intactes, en parfait état. L'Empereur arriva, sourit et lui dit : « Vous êtes un grand forgeron. Aucune de ces épées que vous avez créées n'a failli dans la bataille. » Amakuni en fut ravi, et il retrouva à nouveau sa joie de vivre.
Il n'y a aucune trace de la date de son décès."
(Source Wikipédia)
Port du katana et wakizashi
Le katana, l'âme du Samouraï, est issu de ce premier sabre ; c'est une arme à un seul tranchant, portée à la ceinture, tranchant vers le haut en même temps que le wakizashi (identique au katana mais plus petit). Par contre le tachi était utilisé par les cavaliers et se portait lame vers le bas
On appelle daisho l'ensemble des deux sabres.
PORT DU TACHI
La fabrication est empreinte de symbolisme et de religiosité.
Voir cette note:LE KATANA... FABRICATION.
Le katana est divisé en plusieurs parties dont les plus importantes sont :
- la tsuka ou poignée avec la kashira (embout, qui peut être utilisé pour frapper)
- la tsuba ou garde avec le sepa et le habaki (empêchant la lame de tomber)
- la lame, elle-même divisée en plusieurs parties.
- le saya (fourreau)
POUR EN SAVOIR PLUS SUR LE KATANA, VOIR CE SITE EN CLIQUANT SUR LE LIEN CI-DESSOUS :
l'histoire du sabre japonais : 1° partie
et 2° partie
LIRE AUSSI
VOIR AUSSI :
18/10/2014 | Lien permanent
Karlfried Graf DÜRCKHEIM II
VOILA UN AUTRE EXTRAIT DE
« HARA, centre vital de l’homme»
DURCKHEIM Karlfried Graf
Édition du Courrier du Livre
Cette histoire nous montre encore que le plus important n'est pas le but, mais ce qu'il permet d'obtenir !
"C'était par une chaude journée d'été, à Tokyo, et j'attendais la venue de Maître Kenran Uméji, mon Maître de tir à l'arc. Je m'étais exercé tout seul pendant plusieurs semaines et je me réjouissais de montrer au « Maître» que j'avais bien appris ma leçon. J'étais curieux de savoir quelle nouvelle surprise m'attendait, car chaque leçon m'avait apporté une surprise.
L'étude d'un art japonais - qu'il s'agisse du tir à l'arc, de l'escrime, de l'art floral, de la peinture, de la calligraphie au pinceau ou de la cérémonie du thé - est pleine d'étrangeté pour l'étudiant occidental. Celui qui croirait, par exemple, que dans le tir à l'arc il s'agit de toucher la cible, commettrait une grosse erreur.
Mais de quoi s'agit-il donc ? C'est en fait ce que mon Maître m'apprit ce jour-là. Il arrive à l'heure convenue et, après une brève conversation autour d'une tasse de thé, nous nous rendons au jardin où se trouve la cible. Cette cible avait fait l'objet de ma première surprise, au début de mon apprentissage du tir à l'arc.
C'était une botte de paille d'environ 80 centimètres de diamètre, placée à la hauteur des yeux, sur un support de bois. Il est facile d'imaginer quel fut mon étonnement lorsque j'appris que tout élève devait s'exercer sur cette cible pendant trois ans, et cela à une distance de trois mètres ! Ce simple exercice répété pendant trois ans ! N'est-ce pas ennuyeux à la longue ? Non, au contraire, cela devient de jour en jour plus passionnant, au fur et à mesure que l'on pénètre le sens de l'exercice. En effet, le but recherché n'est pas de toucher la cible.
Mais de quoi s'agit-il donc ? C'est ce que mon Maître m'expliqua ce jour-là. Je me mets en position. Je m'incline d'abord devant le Maître qui se trouve en face de moi, comme le veut le cérémonial, puis devant la cible. Ensuite, je me tourne de nouveau face au Maître et exécute calmement les premiers mouvements. Les mouvements doivent se succéder harmonieusement, à la manière des vagues, chacune naissant de la précédente.
Je place l'arc sur le genou gauche, prends l'une des deux flèches appuyées contre ma jambe droite et la place sur la corde. De la main gauche, je tiens fermement l'arc et la flèche. Je lève lentement la main droite et l'abaisse, tout en expirant pleinement l'air de mes poumons. Puis, de cette main, je saisis la corde et, inspirant lentement, je lève et tends l'arc peu à peu. C'est là le mouvement décisif qui doit se faire avec calme et sans à-coups, telle la lune qui monte dans le ciel.
Maître ANZAWA
Je n'ai pas encore atteint la hauteur voulue, au moment où, l'arc étant bandé au maximum, l'empennage de la flèche touche la joue et l'oreille du tireur, que la voix d'orgue du Maître, m'ordonnant d'arrêter, me fait sursauter. Étonné et quelque peu irrité de cette interruption dans un moment de concentration extrême, j'abaisse l'arc.
Le Maître me le prend des mains, enroule une fois la corde autour de l’extrémité supérieure de l’arc et me le rend en souriant me priant de recommencer. Ne me doutant toujours de rien, je refais toute la série de mouvements déjà décrite. Mais lorsqu’arrive le moment de tendre l'arc, je me trouve déjà au bout de mon savoir. L’arc ayant été deux fois plus tendu, mes forces ne suffisent pas pour le bander. Mes bras se mettent à trembler, je perds mon équilibre, vacille, c'en est fait du résultat de tant d'efforts de préparation.
Alors, le Maître commence à rire. Je fais désespérément un autre essai, mais en vain ; c'est un lamentable échec ! J'ai sûrement l'air fort dépité, car le Maître me demande ce qui m'irrite.
Et moi de répondre aussitôt: « Comment pouvez-vous me poser une telle question ? Je me suis exercé pendant des semaines et, au moment crucial, vous m'arrêtez ! »
Le Maître rit de plus belle, puis, ayant repris son sérieux, me répond: « Que voulez-vous donc ? Que vous ayez acquis la forme requise pour accomplir votre tâche, je l'ai vu rien qu'à votre façon de saisir l'arc.
Mais retenez bien ceci : lorsque l'homme a atteint dans sa manière d'être, dans sa vie ou dans son travail, une étape qui lui a coûté beaucoup d'efforts, il ne peut rien lui arriver de pire que de voir le destin lui permettre de marquer le pas, de se figer dans l'état auquel il est parvenu. Si le destin lui est favorable, il lui enlève le résultat obtenu avant qu'il ne se raidisse, ne se sclérose. Voilà ce qu’un bon maître doit faire.
Car, au fond, il ne s’agit pas d’envoyer la flèche droit au but ; ici, comme dans tous les autres arts, l'objectif essentiel n'est pas le résultat extérieur mais bien le résultat intérieur, autrement-dit la transformation intérieure de l'homme. L'exercice d'une technique aboutissant à une performance sert également cette transformation.
Mais quel est le plus grand danger qui puisse menacer cette dernière, sinon de s'arrêter au résultat acquis ? L'homme doit progresser, progresser sans cesse ». La voix du Maître était devenue grave et émouvante.
Ce qu'il enseignait à travers le tir à l'arc était autre chose qu'un sport d'agrément dont le but est la victoire sur les autres compétiteurs ; il s'agissait d'une école de la vie, c'est-à-dire d'une pratique initiatique enseignant le chemin intérieur .
Au début, il faut, bien entendu, apprendre la technique. Mais c'est seulement lorsqu'on la possède à fond que commence le vrai travail, l'incessant travail sur soi-même. Le tir à l'arc, comme tout autre art, n'est pour le Japonais qu'une occasion de s’éveiller à l’Être, c'est-à-dire à son être essentiel. Or cela présuppose que l'on entreprenne de se purifier de son moi vain et ambitieux qui, précisément parce qu'il ne se préoccupe que de l'aspect extérieur des résultats, met en danger la perfection même de ceux-ci. Ce n'est qu'après avoir triomphé de ce Moi que l'on peut réussir dans l'accomplissement d'une tâche. La réussite n'est plus alors le fruit d'un savoir-faire dirigé par une volonté ambitieuse, mais celui d'une transformation de l'homme en son être. La réussite est alors la manifestation d'un état intérieur qui libère une force profonde, quasi surnaturelle, laquelle, pourrait-on dire, produit la perfection sans notre contribution consciente. Il apparaît donc clairement que le sens de l’exercice est la transformation de l’homme."
VOIR AUSSI LA NOTE :
le zen dans l'art chevaleresque du tir à l'arc. E HERRIGEL
POUR LES DEUX VIDÉOS EN FIN DE NOTE DE DEUX GRANDS MAITRES
OBSERVER LA CONCENTRATION, LA PRÉSENCE ET LA MAÎTRISE DE CHACUN
Inagaki Sensei: Fragments
03/12/2014 | Lien permanent
O Senseï est-il vraiment le père de l’Aïkido moderne ? par Stanley Pranin
O Senseï est-il vraiment le père de l’Aïkido moderne ?
par Stanley Pranin
Aikido Journal #109 (Fall/Winter 1996)
Traduction française : Dominique Avelange / Aikido-France.net
Après des années de pratique et de recherche en Aïkido, je suis petit à petit arrivé à une hypothèse qui allait contre la sagesse conventionnelle et les témoignages des nombreux Shihan qui revendiquent leurs longues années d’étude auprès du fondateur de l’Aïkido, Morihei Ueshiba. Au cours de ces années, j’ai participé à de nombreux stages donnés aux États-Unis par des professeurs japonais et ai fait aussi plusieurs séjours au Japon où j’ai rencontré beaucoup des professeurs les plus connus et me suis entraîné avec eux. Ma théorie a été simplement que l’Aïkido tel que nous le connaissons aujourd’hui n’est pas l’art pratiqué et enseigné par O Senseï mais plutôt l’une des nombreuses formes dérivées mises au point par des élèves pivots qui ont étudié sous la férule du fondateur sur des périodes plutôt courtes. Ceci expliquerait cette différence considérable entre les styles, un nombre relativement petit de techniques enseignées et cette absence de perspective religieuse Omoto dans les formes modernes de cet art. L’intention n’a pas été de critiquer ces formes “modernes” mais plutôt d’observer à partir d’une recherche en histoire qui est allée à l’encontre de la perception communément admise.
Lorsque je me suis installé de façon définitive au Japon en août 1977, j’ai personnellement pris la décision d’étudier à Iwama sous l’autorité de Morihiro Saito Senseï. Au terme de mon analyse, ce qui m’a attiré à Iwama a été la fermeté et la précision des techniques, et le fait que l’aïki ken et l’aïki jo soient intégrés au programme d’étude. Je suis sûr que la proximité du sanctuaire Aïki et le fait que l’entraînement ait lieu dans le dojo personnel de O Senseï ont été aussi des facteurs décisifs.
Tout à la fois je m’empresserai de préciser que je ne tenais pas la technique de Saito Senseï comme étant la continuité fidèle de l’Aïkido du fondateur, mais je voyais plutôt en lui un maître technicien de plein droit. A l’époque, je rangeais Saito Senseï dans la même catégorie que celle de professeurs célèbres tels que Koichi Tohei, Shoji Nishio, Seigo Yamaguchi et d’autres tout aussi doués et qui avaient élaboré des méthodes d’enseignement originales qui, bien qu’inspirées par Morihei Ueshiba, avaient évolué dans des directions tout à fait différentes.
Je me souviens clairement que, même si mes aptitudes à comprendre et parler le japonais étaient plutôt restreintes à cette époque, je suis arrivé à exprimer à Saito Senseï ce que je pensais de tout ceci et comme quoi je doutais que son Aïkido fût pour l’essentiel semblable à celui du fondateur comme il le prétendait. Mes impressions s’appuyaient sur le fait que la technique de Saito Senseï avait l’air tout à fait différente de l’Aïkido du fondateur tel que je l’avais vu en film. Plutôt amusé par mon scepticisme et sans aucun doute par mon toupet, sachant que j’étais son élève, Senseï m’expliqua avec patience que l’origine de ma confusion tenait au fait que la plupart de ce qui a été préservé en film du fondateur étaient des démonstrations. Il fit ressortir que les démonstrations publiques du fondateur étaient très différentes de ce que O Senseï pratiquait au dojo d’Iwama. Saito Senseï poursuivit et insista qu’il était de sa responsabilité de transmettre fidèlement l’Aïkido du fondateur et qu’il n’avait pas l’intention de créer un “Saito ryu aïkido”.
En dépit de ses meilleurs efforts, je continuais à douter sérieusement de tout ceci même si mon admiration devant ses aptitudes physiques était sans faille. Puis un jour, environ deux ans après mon arrivée, je menais un entretien avec Zenzaburo Akazawa, un uchi deshi d’avant-guerre de Morihei Ueshiba du temps du Dojo du Kobukan. Monsieur Akazawa en vint à me montrer un manuel technique publié en 1938, ayant pour titre Budo, que je n’avais jamais vu avant. II recelait environ cinquante techniques démontrées par le fondateur lui-même. Au fur et à mesure que je tournais les pages lentement, j’étais stupéfait de constater que l’exécution de plusieurs techniques de base telles que ikkyo, iriminage et shihonage étaient quasiment identiques à ce que j’avais appris à Iwama auprès de Saito Senseï. On y voyait le fondateur lui-même démontrer ce que j’avais jusqu’alors estimé être les techniques du “style Iwama”. Monsieur Akazawa eut la bonté de me prêter ce livre que je m’empressais de montrer à Saito Senseï.
voir le livre en cliquant sur la photo ci-dessous
original en Japonais de 1938
première photo à partir de la page 15...
Je me souviendrai toujours de cette scène lorsque j’ai rendu visite au Senseï afin de lui faire partager ma nouvelle découverte. A ma grande surprise, il n’avait jamais vu ce livre ni entendu mentionner son existence dans le passé. II mit ses lunettes de lecture et feuilleta le manuel, scrutant avec intensité les passages techniques. Là je me suis alors senti dans l’obligation de m’excuser auprès de lui d’avoir osé mettre en doute son affirmation attestant qu’il s’efforçait de son mieux de préserver loyalement les techniques du fondateur. Saito Senseï rit et, à l’évidence avec un grand plaisir, claironna : “Vous voyez, je vous l’avais bien dit !” Depuis lors (1979), même jusqu’à maintenant, Saito Senseï se rend toujours à ses stages d’Aïkido muni d’un exemplaire de Budo afin de prouver qu’une technique précise a pour origine l’enseignement du fondateur.
Saito Senseï 1992
Il va sans dire que j’étais obligé d’admettre qu’il y avait au moins un instructeur qui propageait un Aïkido fidèle aux enseignements d’origine du fondateur. Mais est-ce que ceci infirmait ma théorie globale sur le fait que les styles d’Aïkido pratiqués par un grand nombre aujourd’hui ont peu à voir sur le plan technique et philosophique avec l’art du fondateur ? Examinez ce qui suit. Si vous vous rendez dans les Dojos de n’importe lequel des enseignants les plus en vue, vous trouverez que les mouvements de leurs élèves ressemblent à peu de chose près à ceux du professeur. On peut souvent identifier les élèves d’un professeur donné lors de démonstrations impliquant des participants de divers Dojos. Comment se fait-il alors qu’il y ait une telle différence entre les principaux styles d’Aïkido si tous ces Shihan ont étudié sous la férule directe du fondateur ?
Certains disent que l’art du fondateur a beaucoup changé durant ces années, ce qui explique les différences entre les techniques de ses élèves qui apprirent à des moments différents. D’autres avancent que O Senseï enseignait différemment selon l’élève, son caractère et ses capacités. Je n’ai jamais trouvé aucun de ces arguments particulièrement persuasif. En fait, lorsque j’ai découvert ce vieux film Asahi News de 1935 il y a bien des années, j’ai été surpris par la “modernité” de l’art du fondateur déjà si tôt à cette époque. Qui plus est, le fondateur enseignait d’ordinaire à des groupes d’élèves et non à des individualités, et ce fait n’apporte pas de l’eau au moulin de la théorie qui veut qu’il adaptait son enseignement aux besoins individuels de chaque élève.
Non, je crois qu’il existe une toute autre explication à cette considérable différence entre les styles. Je crois que c’est en tout premier lieu dû au fait que très peu d’élèves de O Senseï se sont entraînés sous sa conduite pendant une période un tant soit peu prolongée. A l’exception de Yoicloro (Hoken) Inoue, le neveu de Ueshiba, Gozo Shioda, le fondateur du Yoshinkan Ailcido et de Tsutomu Yukawa, les uchi deshi d’avant-guerre de O Senseï ont travaillé pendant peut-être un maximum de cinq à six ans. C’était certainement suffisant pour devenir efficace dans cet art, mais pas assez pour maîtriser le vaste répertoire technique de l’aïkibudo et de ses nombreuses subtilités. La plupart de ces jeunes gens vigoureux qui se sont engagés comme uchi deshi ont été contraints de mettre un terme prématuré à leur entraînement martial pour remplir leurs obligations militaires. De plus, seule une poignée de ces premiers deshi reprirent leur pratique après la guerre.
Training at Budo Senyokai Takeda dojo in Hyogo Prefecture.
Standing left, Kiyoshi Nakakura; sixth from left:
Morihei Ueshiba, Gozo Shioda, Kisshomaru Ueshiba,
Hatsu Ueshiba. Standing third from right is Kenji Tomiki.
Seated second from left: Rinjiro Shirata, Tsutomu Yukawa
On peut en dire autant de la période d’après-guerre. Sont compris parmi les initiés de cette époque des gens bien connus tels que Sadateru Arikawa, Hiroshi Tada, Seigo Yamaguchi, Shoji Nishio, Nobuyoshi Tamura, Yasuo Kobayashi, et plus tard Yoshimitsu Yamada, Mitsunari Kanai, Kazuo Chiba, Seüchi Sugano, Mitsugi Saotome et bien d’autres encore. Shigenobu Okumura, Koichi Tohei et Kisaburo Osawa forment en quelque sorte un groupe particulier dans la mesure où ils n’ont pratiqué que brièvement avant la guerre et qu'ils ont atteint la maîtrise de cet art après la deuxième guerre mondiale. Aucun de ces professeurs n’a étudié pendant la moindre période prolongée sous l’enseignement direct de O Senseï. Ceci peut paraître une assertion choquante, mais regardons les faits historiques en face. Avant la guerre, Morihei Ueshiba avait pris pour base le Dojo Kobukan de Tokyo mais était aussi très actif dans la région du Kansai. En fait, il posséda même pendant un temps une maison à Osaka. Au fil des ans, il m’est apparu clair, à écouter les témoignages des vieux pionniers, que le fondateur effectuait de nombreux déplacements et passait peut-être une à deux semaines par mois éloigné du Dojo du Kobukan. Gardez aussi à l’esprit que les premiers uchi deshi finirent par être cooptés comme instructeurs en raison du bourgeonnement populaire de l’Art et du vaste champ d’activités du Senyokai Budo (la Société pour la Promotion des Arts Martiaux) dirigé par Ueshiba. Ces pionniers ont étudié pendant des laps de temps relativement courts, n’ont été confrontés au fondateur que de façon limitée à cause de ses fréquentes absences du Dojo quartier général à des fins d’enseignement.
O Senseï avec Michio Hikitsuchi
Pendant les années de guerre et peu de temps après, O Senseï s’installa à Iwama. Finalement au début des années 1950, il recommença à voyager, à faire d’éventuelles étapes à Tokyo et dans la région du Kansai. Vers la fin des années 1950, la séquence de ses déplacements augmenta et il semblait que personne ne savait où il se trouverait à un moment donné. II a partagé son temps entre Iwama, Tokyo et ses points de chute préférés du Kansai, ce qui inclue Osaka, Kameoka, Ayabe, sa ville natale de Tanabe et Shingu. Il rendit même visite à Kanshu Sunadomari dans l’île éloignée de Kyushu. Je me souviens d’entendre Michio Hikitsuchi Senseï affirmer que O Senseï s’est rendu à Shimmy plus de soixante fois après la guerre. Puisque ceci renvoie à une époque qui s’étend sur environ douze à quinze ans, nous voyons que le fondateur était éloigné dans le Kansai sur la base d’une moyenne de quatre à six fois par an.
O Senseï sur les marches du Dojo d'Iwama
Le lecteur malin comprendra sans aucun doute où je veux en venir. O Senseï n’a pas enseigné à Tokyo de façon régulière après la guerre. Même lorsqu’il apparaissait sur le tapis, il passait la plupart de l’heure à discourir sur des sujets ésotériques tout à fait hors de la portée des élèves présents. Les principaux professeurs au Hombu dans les années d’après-guerre ont été Koichi Tohei Senseï et l’actuel Doshu Kisshomaru Ueshiba. Ils avaient pour assistants Okumura, Osawa, Arikawa, Tada, Tamura et la génération suivante d’uchi deshi cités plus haut.
En seiza à gauche Tada Senseï et Kisshomaru Ueshiba à côté de O Senseï
rang du milieu, à gauche Tamura Senseï et Yamada Senseï
Je veux que mon point de vue soit parfaitement clair. Ce que je vise à dire est que Morihei Ueshiba n’était pas le personnage principal qui enseignait jour après jour au Dojo Hombu. O Senseï y était par intervalles imprévisibles et son enseignement se focalisait souvent sur des sujets philosophiques. Tohei et Kisshomaru Ueshiba sont les personnes les plus responsables du contenu technique et de l’évolution de l’Aïkido au sein du système de l’Hombu Aïkikaï. De même qu’avant la guerre les uchi deshi de ces dernières années enseignaient hors du Dojo Hombu dans des clubs et universités après un temps de formation relativement court. A noter aussi que cette époque a été marquée par “l'instauration des dan”. Beaucoup de ces jeunes enseignants ont été promus au rythme d’un dan par an. Dans un certain nombre de cas, ils ont aussi “sauté” les grades. Mais cela est matière à un autre article !
Quel est le sens de tout ceci ? Ceci veut dire que l’idée largement partagée de la propagation de l’Aïkido après la guerre sous la tutelle directe du fondateur est fondamentalement erronée. Tohei et l’actuel Doshu méritent la part du lion de cet honneur, et non le fondateur. Au-delà, ceci tend à dire que O Senseï Morihei Ueshiba ne s’est pas impliqué avec sérieux dans l’enseignement ou l’administration de l’Aïkido des années d’après-guerre. Il s’était déjà depuis longtemps retiré et se focalisait sur son propre entraînement, son évolution spirituelle, ses voyages et ses activités sociales. On devrait aussi remarquer qu’en dépit de son image stéréotypée de vieil homme aimable et gentil, O Senseï avait aussi un regard perçant et l’humeur héroïque. Sa présence n’était pas toujours recherchée au Dojo Hombu en raison de ses commentaires critiques et de ses fréquents éclats.
Kisshomaru Ueshiba - O Senseï - Koichi Tohei
Telle est la vérité sur ce sujet comme l’attestent de nombreux témoins de première main. Dans le passé, j’ai fait allusion à certains de ces faits mais ce n’est que récemment que je me suis senti assez sûr pour le révéler en raison des preuves conséquentes collectées auprès de nombreuses sources proches du fondateur. Je ne peux prétendre que ces commentaires vont inévitablement aider les pratiquants dans leur entraînement ou les rapprocher de leur but, mais j’espère sincèrement qu’en faisant la lumière et la vérité sur un sujet important, les ardents supporters de l’Aïkido y gagneront une compréhension approfondie sur laquelle fonder leur jugement. J’espère aussi qu’on redonnera toute sa valeur au personnage clé de Koichi Tohei, qui a été ces dernières années relégué à un rôle périphérique ou complètement ignoré.