10/12/2013
CONTES ET RECITS DES ARTS MARTIAUX (Albin Michel 1981) #8
Tel armurier, telle arme.
" Le sabre est l'âme du samouraï", nous dit l'une des plus vieilles maximes du Bushido, la voie du guerrier. Symbole de virilité, de loyauté et de courage, le sabre est l'arme favorite du samouraï.
Mais dans la tradition japonaise, le sabre est plus qu'un instrument redoutable, plus qu'un symbole philosophique : c'est une arme magique. Il peut être maléfique ou bénéfique selon la personnalité du forgeron et du propriétaire. Le sabre est comme le prolongement de ceux qui le manient, il s'imprègne mystérieusement des vibrations qui émanent de leur être.
Les anciens Japonais, inspirés par l'antique religion shinto, ne conçoivent la fabrication du sabre que comme un travail alchimique où l'harmonie intérieure du forgeron est plus importante que ses capacités techniques.
Avant de forger une lame, le Maître armurier passait plusieurs jours à méditer, puis il se purifiait en procédant à des ablutions d'eau froide. Revêtant des vêtements blancs, il se mettait alors au travail, dans les meilleures conditions intérieures pour donner naissance à une arme de qualité.
Masamune et Murasama étaient d'habiles armuriers qui vivaient au début du XIV° siècle. Tous deux fabriquaient des sabres d'une très grande qualité.
Murasama, au caractère violent, était un personnage taciturne et inquiétant. Il avait la sinistre réputation de forger des lames redoutables qui poussaient leurs propriétaires à de sanglants combats qui, parfois, blessaient ceux qui les manipulaient. Ces armes, assoiffées de sang, furent rapidement tenues pour maléfiques.
Par contre, Masamune était un forgeron d'une très grande sérénité qui se livrait à un rituel de purification pour forger ses lames. Elles sont considérées aujourd'hui comme les meilleures du pays.
Un homme,qui voulait tester la différence de qualité entre les modes de fabrication des deux armuriers plaça un sabre de Murasama dans un cours d'eau. Chaque feuille dérivant à la surface, qui touchait la lame, fut coupée en deux. Ensuite, un sabre fabriqué par Masamune fut placé dans le cours d'eau. Les feuilles semblaient éviter la lame. Aucune d'elles ne fut coupée, elles glissaient toutes, intactes, le long du tranchant comme si celui-ci voulait les épargner.
L'homme rendit alors son verdict : "la Murasama est terrible,la Masamune est humaine."
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