13/01/2014
SEISEKI ABE
POUR FAIRE SUITE AU SHODO
Seiseki Abe est né en mars 1915 à Osaka, au Japon.
Il a commencé la voie de la calligraphie ou Shodo avec son père professeur des écoles et calligraphe, en 1934 alors qu'il avait 19 ans. En 1948, il devient professeur de shodo à Osaka. Sa maîtrise du shodo se heurta à un point invisible à l’œil nu pour le néophyte mais primordiale dans la progression intérieure, la profondeur du trait. C'est l'une des qualités qui donne vie à une œuvre calligraphique. Elle peut être considérée comme le cœur et l'âme de la calligraphie japonaise.
Cherchant à investir cette profondeur, il rencontra Kenzo Futaki qui explorait la puissance du misogi. C'était un docteur en médecine et un étudiant d'avant-guerre de Morihei Ueshiba. Il rejoignit donc Misogi no Renseikai (Association de Développement du Misogi). Après peu de temps, cela lui permit de changer son attitude et surtout sa perception de sa calligraphie. C'est à cette époque que Futaki Senseï lui a recommandé de se mettre à la pratique de l’aïkido.
En 1952, Bansen Tanaka [1912-1988] a ouvert un dojo d'aïkido à Osaka. Le lendemain de l'ouverture du dojo, Seiseki Abe remarqua le nom de "Tsunemori Ueshiba" sur le panneau de porte. Connaissant Tanaka mais ne sachant pas qu'il pratiquait l'aïkido, il entra et vit O Senseï pour la première fois. Il se présenta comme un étudiant du docteur Futaki et O Senseï s'intéressa à lui et l'accepta comme étudiant. Abe fut frappé par les similitudes de respiration entre aïkido, shodo et misogi.
Il avait déjà remarqué chez son père le va et vient de sa respiration lors du Shodo.Comme Abe Senseï l'a exprimé lors d'une entrevue : '' Même maintenant, je me souviens de la façon éclatante de la respiration de mon père et il m'a fait une très forte impression, pas seulement l'écriture des lettres, mais le pouvoir de la respiration sur les caractères de l'écriture''.
En 1954, Seiseki Abe a accompagné Morihei Senseï à Shingu pour y assister à l’ouverture du dojo de Michio Hikitsuchi. Le séjour dura un mois, et comme Morihei Senseï détestait voir les gens ne rien faire, il demanda à Seiseki Abe d’enseigner la calligraphie entre les cours d’aïkido. Morihei Senseï le regardait enseigner et petit à petit, il s’y intéressa lui-même. Après ce séjour, O Senseï commença a pratiquer la calligraphie avec Abe Senseï.
calligraphie de O Senseï de la collection de Seiseki Abe
Pendant les dix dernières années de sa vie, O Senseï est venu chaque mois habiter chez Abe Senseï et a enseigné l'Aïkido au dojo qu'Abe Senseï avait construit pour lui. O Senseï a reconnu aussi le rapport des arts martiaux et de la calligraphie, il a donc commencé à étudier la calligraphie sous la direction d'Abe Senseï.
Voici un petit extrait :
Avez-vous commencé votre carrière en aïkido en tant qu’uchideshi ?
Oui, d’une certaine manière, mais en fait c’était Morihei Senseï qui venait chez moi - pour pratiquer la calligraphie comme je l’ai dit - plutôt que l’inverse. Cela me mettait dans la situation assez inhabituelle d’être un uchideshi dans ma propre maison ! Nous avions une chambre à l’écart spécialement pour lui et c’est là que nous avons développé notre relation élève-professeur. Néanmoins, c’était vraiment une relation élève-professeur à l’ancienne basée sur l’esprit strict du bushido. La discipline n’était pas imposée, cependant, mais trouvait son origine dans les attitudes et le comportement qu’adopte naturellement tout uchideshi souhaitant servir son professeur. C’est vraiment la seule manière pour réellement saisir et absorber le “kokyu” de votre professeur. Vivre sous le même toit que votre professeur vingt-quatre heures sur vingt-quatre vous donne accès non seulement à ses connaissances techniques, mais aussi à une compréhension de la manière dont il vit et respire, son style de vie et ses rythmes. C’est un moyen de développer et discipliner votre ki, et par la suite de connaître toutes les facettes de votre professeur. Morihei Senseï venait pendant des période de sept à dix jours à la fois, et être aussi proche de son quotidien pendant des périodes si longues était une expérience vraiment incroyable et précieuse.
Par exemple, en préparant le thé, je devais sentir ou estimer sa soif et ajuster la température en conséquence. Ou en préparant son bain, je devais faire très attention à ajuster précisément la température de l’eau - pas simplement en mettant ma main dedans pour tester directement -, mais en prélevant un peu d’eau dans un seau et en me basant là-dessus. Si je mettais ma main directement, ma peau aurait répandu un petit peu d’huile corporelle dans l’eau et d’une manière ou d’une autre, il l’aurait su. En d’autres termes, servir son professeur signifie être attentif et consciencieux et faire les choses proprement et convenablement, sans prendre de raccourcis. Même en dormant dans une pièce adjacente, ma respiration devait s’accorder à la sienne à tout moment. De telles expériences constituent le côté stupéfiant du rôle d’uchideshi.
Après la mort de Ueshiba en 1969, Abe a continué à enseigner à la fois le shodo et l'aïkido à son dojo à Osaka.
Seiseki Abe s’éteint le 18 Mai 2011, à l'âge de 96 ans.
entretien avec Léo Tamaki :
Abe Seïseki
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12/01/2014
SHODO
Fukiko Sunadomari avec O Senseï
Le Shodo est l'art de la calligraphie. C'est un Do, une voie,
comme la voie du thé, appelée aussi chanoyu sadō ou chadō ;
ou l'art de l'arrangement floral nommé Kado ou Ikebana
tout comme l’Aïkido et les autres Arts Martiaux.
Le but recherché n'est pas l'apparence du résultat mais la transformation de l'être humain, la révélation de sa véritable nature sans artifice.
Au Japon, la calligraphie est enseignée dès l'école primaire et fait partie du cursus normal. Le Shodo fait partie du quotidien et bon nombre d'adultes pratiquent cet art et recherchent le geste juste tout comme nous dans l’Aïkido.
Le matériel utilisé se compose ainsi :
Fudé - Pinceau
Kami - Papier
Sumi - Bâton à encre / Bokujû - bouteille à encre
Suzuri - Encrier
Le style carré (Kaisho) de l'écriture kanji est rarement utilisé dans la vie quotidienne.Les styles semi cursive (gyosho) et cursive (sosho) plus déliés et fluides sont plus utilisés.
On remarque bien la différence de style plus rigoureux, précis et carré pour le kaisho, un peu plus libre, doux pour le goshyo et enfin très fluide, envolé pour le sosho.
Le style sosho démontre une écriture plus dynamique, plus rapide, semblable à notre écriture rapide de tous les jours.
Les kanjis sont les caractères empruntés à l'ethnie Hàn chinoise et utilisés en langue japonaise. Elle a donc son origine en Chine.
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CI-DESSOUS.
Aïkido calligraphie de O Senseï
"Le degré d’épaisseur ou de finesse du trait est une qualité relativement évidente qui détermine si une ligne porte le niveau d’énergie ou de vigueur désiré, mais des qualités comme la profondeur (et aussi la “hauteur”) sont invisibles et donc beaucoup plus insaisissables. C'est cette épaisseur qui donne vie, corps et âme à la calligraphie.
"Le véritable shodo est kokyu. L'essence de la brosse se trouve dans les choses que l'œil ne peut voir. C'est-à-dire, dans le kokyu." SEISEKI ABE SENSEÏ.
Pour Seiseki Abe, la production actuelle tend à perdre en partie ce qui en faisait la force, l'impalpable et le kokkyu manque de plus en plus ." Récemment, le shodo moderne a dégénéré dans le domaine du visible - pinceau simple, léger de la main et sans âme ni technique. Le vrai sens de la calligraphie japonaise a été perdu. C'est une véritable honte."
calligraphie de Morihei Ueshiba
« La vraie victoire est la victoire sur soi-même, victoire à la vitesse de la lumière, qui devient divinement Takemusu ».