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25/06/2014

CONTES ET RECITS DES ARTS MARTIAUX (Albin Michel 1981) #15

Le pari du vieux guerrier

 

Le Seigneur Naoshige déclara un jour à Shimomura Shoun, l'un de ses vieux samouraïs :

"La force et la vigueur du jeune Katsushige sont admirables pour son âge. Quand il lutte avec ses compagnons, il bat même les plus âgés.

Bien que je ne sois plus tout jeune, je suis prêt à parier qu'il ne parviendra pas à me vaincre", affirma le vieux Shoun.

Naoshige se fit un plaisir d'organiser la rencontre qui eut lieu le soir même dans la cour du château, au milieu d'un grand nombre de samouraïs. Ceux-ci étaient impatients de voir ce qui allait arriver à ce vieux farceur de Shoun.

Dès le début de la rencontre, le jeune et puissant Katsushige se précipita sur son frêle adversaire et l'empoigna fermement, décidé à n'en faire qu'une bouchée. A plusieurs reprises, Shoun décolla du sol et faillit aller rouler dans la poussière ; cependant, à la surprise générale, il se rétablissait à chaque fois au dernier moment.

Exaspéré, le jeune homme tenta à nouveau de le projeter en y mettant toute sa force mais, cette fois, Shoun profita habilement de son mouvement et c'est lui qui réussit à déséquilibrer Katsushige et à l'envoyer au sol...

Après avoir aidé son adversaire à demi inconscient à se relever, Shoun s'approcha du Seigneur Naoshige pour lui dire :

" Être fier de sa force quand on ne maîtrise pas encore sa fougue, c'est comme si on se vantait publiquement de ses défauts."

 

illustration :

Kyuzo Mifune


13/04/2014

CONTES ET RECITS DES ARTS MARTIAUX (Albin Michel 1981) #13

L'IMAGE D'ASARI

 

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Maître Yamaoka Tesshu


A l'âge de 27 ans, Yamaoka Tesshu, qui était déjà un expert de sabre réputé, combattit avec Asari Matashichiro, lui aussi sabreur célèbre. Cette rencontre fut brève car Asari désarma rapidement son jeune adversaire. Bouleversé Yamaoka connut une détresse sans borne parce qu'il réalisa combien il manquait de maturité spirituelle. Motivé par cette rencontre, il redoubla d'efforts pour se consacrer entièrement à l'entraînement au Kenjutsu (Art du sabre) et à la méditation (Zazen). Désirant mettre à l'épreuve le niveau qu'il avait atteint après dix ans de cette pratique intensive, il rencontra de nouveau Asari. Au cours de ce second combat, il sentit combien son adversaire le dominait
et, paralysé par la maîtrise qui se dégageait d'Asari, il refusa de poursuivre le combat et reconnut sa défaite.

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Maître Asari Matashihiro

Cette nouvelle rencontre l'impressionna tant qu'il fut désormais hanté par l'image d'Asari, image obsédante qui lui rappelait sans cesse sa médiocrité. Loin de se résigner, il intensifia sa pratique du sabre et de la méditation. Sept années passèrent quand, après une forte expérience spirituelle, il constata soudain que l'image d'Asari avait cessé de le tourmenter. Il décida alors de se mesurer une nouvelle fois à lui. Asari le fit d'abord combattre avec l'un de ses élèves mais celui-ci s'avoua vaincu dès le début du combat. Yamaoka rencontra alors Asari pour la 3ème fois. Les deux hommes se firent face un long moment, se jaugeant du regard. Soudain, Asari abaissa son sabre et déclara : " Vous y êtes, vous êtes enfin sur la Voie."

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 Maître Yamaoka Tesshu

 

 

source  :http://munndialarts.com et contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon(Albin Michel)

 

30/03/2014

CONTES ET RECITS DES ARTS MARTIAUX (Albin Michel 1981) #12

L'école du combat sans arme !

L’ÉCOLE DU COMBAT SANS ARME.


Le célèbre maître Tsukahara Bokuden traversait le lac Biwa sur un radeau avec d'autres voyageurs. Parmi eux, il y avait un samouraï extrêmement prétentieux qui n'arrêtait pas de vanter ses exploits et sa maîtrise au sabre. A l'écouter, il était le champion toutes catégories de tout le Japon, ce que les voyageurs semblaient croire au vu de leurs regards goguenards où se mêlaient admiration et crainte. Le maître ne s'en préoccupa donc pas, ce qui finit par vexer le samouraï qui voyait bien l'attention de Bokuden se concentrer ailleurs. Il lui dit : " Toi aussi, tu portes une paire de sabre. Si tu es samouraï, pourquoi ne dis-tu pas un mot ?" Bokuden répondit : - " Je ne suis pas concerné par tes propos. Mon art est différent du tien. Il consiste, non pas à vaincre les autres, mais à ne pas être vaincu". Le samouraï se gratta le crâne de perplexité et demanda :
- " Mais alors quelle est ton école ?"
- " C'est l'école du combat sans arme."
- " Mais dans ce cas, pourquoi portes-tu des armes ?"
- " Cela me demande de rester maître de moi pour ne pas répondre aux provocations. C'est un sacré défi !"
Exaspéré, le samouraï demanda :
- " Et tu penses vraiment pouvoir combattre avec moi, sans sabre ?"
- " Pourquoi pas ? Il est même possible que je gagne !"
Hors de lui, le samouraï cria au passeur de ramer vers le rivage le plus proche, mais Bokuden suggéra qu'il serait préférable d'aller sur une île, loin de toute habitation, pour ne pas provoquer d'attroupement et être plus tranquille. Le samouraï accepta. Quand le radeau atteignit une île inhabitée, le samouraï, impatient d'en découdre, sauta à terre, il dégainait déjà son sabre, prêt au combat. Bokuden enleva soigneusement ses deux sabres, les tendit au passeur et s'élança pour sauter à terre, quand soudain, il saisit la perche du batelier, puis dégagea rapidement le radeau de la berge pour le pousser dans le courant. Bokuden se retourna alors vers le samouraï qui gesticulait sur une île déserte et il lui cria :

- " Tu vois, c'est cela, vaincre sans arme !"

13/03/2014

CONTES ET RECITS DES ARTS MARTIAUX (Albin Michel 1981) #10

 

Le Maître des Trois Pics

Chang San Fong, le maître des Trois Pics, avait une haute stature, un corps élancé et une constitution robuste qui lui donnaient un air redoutable. Son visage, à la fois rond et carré, était orné d'une barbe hérissée comme une forêt de hallebardes. Un chignon épais trônait au sommet de son crâne. Si son allure était impressionnante, son regard exprimait cependant une douce tranquillité, avec une lueur de bonté.
Il portait été comme hiver la même tunique fabriquée dans une seule pièce de bambous tressés et il tenait le plus souvent un chasse-mouche fait d'une crinière de cheval.
Assoiffé de connaissance, il passa la plus grande partie de sa vie à pérégriner sur les pentes des monts Sen-Tchouan, Chansi et Houé-Pé. Il visita ainsi les hauts lieux du Taoïsme, allant d'un monastère à l'autre, séjournant dans des sanctuaires et des temples que les pentes escarpées de la montagne rendaient difficilement accessibles. Il fut très tôt initié par les Maîtres taoïstes à la pratique de la méditation. Partout où il passait, il étudiait les livres sacrés et il s'interrogeait sans relâche sur les mystères de l'Univers.
Un jour, alors qu'il méditait déjà en silence depuis des heures, il entendit un chant merveilleux, surnaturel... Observant autour de lui, il aperçut sur la branche d'un arbre un oiseau qui fixait attentivement le sol. Au pied de l'arbre un serpent dressait sa tête vers le ciel. Les regards de l'oiseau et du reptile se rencontraient, s'affrontaient... Soudain, l'oiseau fondit sur le serpent en poussant des cris perçants et entreprit de l'attaquer avec de furieux coups de bec. Le serpent, ondulant et fluide, esquiva habilement les violentes attaques de son agresseur. Ce dernier, épuisé par ses efforts inefficaces, regagna sa branche pour reprendre des forces. Puis, il repartit à l'assaut. Le serpent continua sa danse circulaire qui se mua peu à peu en une spirale d'énergie tourbillonnante, insaisissable.


La légende nous dit que Chang San Fong s'inspira de cette vision pour fonder le Wu-Tang-Paï, le style de "la main souple" qui, façonné par des générations de Taoïstes, devint le le Taï chi chuan.
C'est pourquoi les mouvements du taï chi n'ont ni début ni fin. Ils se déroulent souplement comme le fil de soie d'un cocon et ils s'écoulent sans interruption comme les eaux du fleuve Yan-Tsé.

photos tirés des sites (1  lefildesoi13, 2  taichitortue.com)

06/01/2014

CONTES ET RECITS DES ARTS MARTIAUX (Albin Michel 1981) #9

 

 

Le champion et le Maître



Umedzu était un champion d'escrime dans sa province. Apprenant que le célèbre Maître Toda Seigen était de passage dans la ville où il enseignait, Umedzu fut impatient de se mesurer à lui.


Quand on demanda à Seigen s'il relevait le défi que lui lançait le champion provincial, il répondit : "Il n'en est pas question. Je ne vois aucune raison de me battre avec cet homme, n'ayant rien à prouver. Répondez-lui qu'un combat de sabre se déroule entre la vie et la mort et que je ne puis accepter à la légère d'en assumer les risques."


Prenant cette réponse pour une excuse de la part de Seigen, qui craignait apparemment d'être vaincu et de perdre sa réputation, Umedzu fit connaître publiquement le refus du Maître et n'hésita pas à le traiter de lâche.


Le seigneur de la province eut vent de l'affaire et s'y intéressa vivement car il était lui-même passionné d'escrime. Il fit porter un message à Seigen dans lequel il le priait courtoisement d'accepter la rencontre. Celui-ci refusa de répondre. La requête fut renouvelée trois fois et le ton devenait de plus en plus insistant.


Seigen ne pouvait refuser plus longtemps car sinon il enfreignait les règles et obligations du samouraï, qui doit obéissance aux autorités féodales. Il se résolut donc à combattre Umedzu.

L'arbitre, le lieu et la date de la rencontre furent alors rapidement choisis.


Décidé à mettre toutes les chances de son côté, Umedzu se rendit en toute hâte dans un sanctuaire Shinto. Il y passa trois jours et trois nuits de suite à pratiquer un rite religieux de purification, cela afin de se préparer au combat et de se concilier les dieux.


Quelqu'un raconta à Seigen tous les détails de la préparation de son adversaire et il lui suggéra d'en faire autant. Mais le Maître sourit tranquillement et déclara : "Je tente à chaque instant de cultiver dans mon cœur la sincérité et l'harmonie intérieure. Ce n'est pas quelque chose que les dieux pourront me donner en des moments critiques."


Comme cela avait été fixé, les deux combattants étaient au rendez-vous.

Le seigneur provincial s'était déplacé en personne avec une grande partie de sa suite pour assister à cette rencontre tant attendue.

Accompagné par une foule d'élèves et d'admirateurs, Umedzu portait un bokken, un sabre de bois de plus d'un mètre de long. Seigen quant à lui, tenait un bâton qui faisait à peine quarante centimètres.

Voyant cela, Umedzu s'adressa à l'arbitre pour exiger que son adversaire ait lui aussi un bokken réglementaire. Il ne voulait pas que sa victoire soit attribuée à l'arme ridicule de Seigen !

La réclamation fut transmise à ce dernier qui refusa en répondant qu'il se contenterait de son bout de bois. L'arbitre décida finalement que chacun garderait son arme respective.


Umedzu s'élança furieusement dans la bataille par des attaques vigoureuses et répétées. Telle une bête féroce, il bondissait et rugissait. Son arme s'abattait avec une précision redoutable et fauchait avec une vitesse prodigieuse.


Presque nonchalant, le Maître Seigen évitait chaque coup avec la souplesse et la grâce d'un chat. Son regard complètement indifférent ne quittait pas les yeux de l'adversaire, son propre corps parfaitement détendu paraissait jouer, danser avec le sabre qui le frôlait d'une façon inquiétante.

Umedzu, hors de lui, manœuvrait son bokken de toutes ses forces et rageait de frapper dans le vide.


Ce fascinant ballet ne dura pourtant pas longtemps. Tout à coup, sans que l'on sache pourquoi, le champion s'immobilisa. Une douleur intense se lisait sur son visage. Le petit bâton du Maître l'avait certainement touché mais personne n'aurait su dire où.

Seigen en profita alors pour saisir le bokken de son adversaire. L'ayant jeté au loin, il s'apprêtait à quitter l'aire du combat en y laissant Umedzu seul avec sa cuisante défaite.

Mais celui-ci, dans un accès de rage, dégaina le poignard qu'il avait gardé à la ceinture et se rua sur le Maître.


Dans un mouvement à peine perceptible, le petit bâton de Seigen siffla dans l'air.

Il frappa de nouveau mais cette fois, Umedzu s'écroula de tout son poids.

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03/11/2013

CONTES ET RECITS DES ARTS MARTIAUX (Albin Michel 1981) #6

De main de Maître


Dokyo Yetan (1641-1721), le plus illustre Maître Zen de son époque, reçut un jour la visite d'un professeur de Ken-jutsu qui lui déclara : "Depuis ma plus tendre enfance je pratique l'Art du sabre. M'étant entrainé intensivement sous la direction de plusieurs Maîtres, j'ai réussi à intégrer parfaitement le style des écoles les plus fameuses. Mais malgré tous mes efforts pour y parvenir, je n'ai pas encore atteint la suprême illumination. Pourriez-vous me donner quelques conseils sur la méthode à adopter?"

Le Maître Zen se leva, s'approcha de son visiteur et lui demanda à voix basse d'être très attentif pour ne rien perdre de ce qui allait lui être confié. L'homme se pencha alors en avant pour tendre l'oreille... qui reçut une claque magistrale de la main de Dokyo Yetan. Ce dernier enchaîna ensuite par un puissant coup de pied. Avant de comprendre ce qui lui arrivait, le professeur de sabre perdit l'équilibre et le contact du parquet lui procura, paraît-il, un Satori, un Éveil spirituel.


Il faut croire que cette expérience fut décisive pour le visiteur car il ne tarda pas à devenir un Maître réputé. Sa remarquable évolution, qui se manifestait au yeux de tous dans la pratique de son art, intrigua plus d'un guerrier. Parmi ceux qui lui demandèrent son secret, beaucoup restaient incrédules quand il leur avouait qu'il résidait dans la méthode très spéciale du moine Dokyo Yetan.

Quelques-uns décidèrent cependant d'aller vérifier eux-mêmes.Ils ne furent pas déçus du voyage,c omme en témoigne le récit qui va suivre.


Trois samouraïs de haut rang avaient invité Dokyo Yetan à prendre une tasse de thé avec eux.

Ils le questionnèrent longuement sur le Zen mais, comme le Maître répondait d'une façon très énigmatique, l'un des samouraïs, quelque peu excédé, s'aventura à dire : "Vous êtes sûrement un grand Maître de Zen et à ce sujet nous ne sommes pas de taille à lutter avec vous. Mais, si la question de la concentration nécessaire pour un combat était évoquée, je crains que vous ne puissiez nous battre."
-"A votre place,je ne serais pas si catégorique .Voyez-vous, la vie m'a plus d'une fois montré qu'il ne fallait jamais conclure avant d'expérimenter", répliqua le moine.


_"Me permettez-vous vraiment de faire un combat avec vous ?" demanda le samouraï après avoir échangé un regard ironique avec ses compagnons.


-"Bien sûr, puisque c'est le seul moyen de vérifier si ce que vous avez dit est exact."


Le guerrier se munit d'un bokken et il en tendit un au moine. Mais celui-ci refusa en précisant : "je suis un bouddhiste et je ne veux pas porter une arme, fut-elle en bois. Mon éventail fera l'affaire. Frappez  sans hésiter. Si vous me touchez, j'admettrai que vous êtes un grand expert."


Certain de marquer dès les premiers coups et craignant de blesser le vieux moine, le samouraï avait attaqué gentiment, presque au ralenti. Mais peu à peu, il accéléra son rythme car ses attaques se perdaient dans le vide.

Voyant que le sabreur commençait à s'épuiser dans ses vaines tentatives, Dokyo Yetan demanda qu'on arrête le combat et il proposa : "Que diriez-vous de m'attaquer tous les trois en même temps ? Ce serait pour moi un excellent exercice et pour vous la chance de me battre."


Piqués au vif dans leur fierté de guerriers, les samouraïs essayèrent par tous les moyens de toucher le Maître. Mais il restait insaisissable. Si ce n'était pas son éventail qui déviait l'attaque, son corps parvenait toujours à s'effacer au dernier moment. Ses trois adversaires finirent par reconnaître leur défaite.

Convaincus non par un long sermon mais par cette stupéfiante démonstration, ils entreprirent d'aller voir d'un peu plus près quelle était l'essence du Zen. Inutile de vous dire à qui ils s'adressèrent...

Sur le chemin du retour, le jeune novice qui accompagnait le Maître ne put s'empêcher de lui demander quel était son secret pour éviter si habilement des attaques de sabres.

Dokyo Yetan expliqua : "Quand la juste vision est exercée et ne connaît aucun blocage, elle pénètre tout, y compris l'Art du sabre. Les hommes ordinaires ne s'occupent que des mots. Dès qu'ils entendent un nom, ils portent un jugement et restent ainsi attachés à une ombre. Mais celui qui est capable de la vraie vision voit chaque objet dans sa propre lumière. Dès qu'il aperçoit le sabre, il comprend aussitôt comment lui faire face. Il affronte la multiplicité des choses et n'est pas confondu."

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