Ce drôle de personnage l'avait écrit dans l'un de ses ouvrages sur cet art martial d'origine japonaise : "Ce que t'enseigne l'aïkido, c'est la possibilité de neutraliser ton adversaire, en situation de conflits, sans lui faire de mal, sans même le toucher. Plus que vaincre l'ennemi, il faut le dissuader, et alors c'est gagné." Cette maxime, José Luis Isidro Casas l'a appliquée à la lettre pour braquer plusieurs banques de façon aussi efficace que pacifique. À chaque fois, cet homme chauve de 51 ans obéit au même scénario : il entre dans une agence, annonce tout haut qu'il est venu pour emporter l'argent de la caisse, brandit sûr de lui un pistolet qui n'a jamais servi, appelle les clients et le personnel au calme, puis sort avec le butin avec l'aplomb et l'assurance que des années de pratique de l'aïkido lui ont apporté.
Avant d'être interpellé grâce à l'opiniâtreté et la chance d'un inspecteur à Madrid, Casas n'était autre qu'un homme apprécié dans son quartier madrilène, une tranquillité à toute épreuve, un prothésiste dentaire sans histoires et un passionné, donc, des arts martiaux, l'aïkido en tête, qu'il pratiquait avec assiduité. Même s'il a réussi son coup ce jour-là, la police a pu faire la preuve a posteriori que, le 9 octobre, Casas a emporté 99 660 euros d'une succursale de la Caixa à Madrid. C'est lui, aussi, qui aurait braqué 1 800 euros en juillet 2012 dans une agence du quartier de Vallecas, 82 160 euros quelques jours avant dans une autre succursale de La Caixa, et 60 195 euros en juin 2013, toujours de la même banque.
Insoupçonnable
Œil bleu, moustache et crâne dégarni dans le civil, l'homme est aussi un maître en déguisements. Il braquait les agences habillé en vieillard, avec sa perruque, sa barbe et sa canne ; ou bien en courtier, avec son costume et son attaché-case. Pour se déformer le visage, il avalait des gazes chirurgicales, se plaçait des lentilles de couleur aux yeux ou chaussait des lunettes de soleil. Toujours méconnaissable. La police ne s'explique pas que cet homme aux allures aussi sages, reconnu pour son savoir sur l'aïkido, puisse en être arrivé à braquer des banques. D'après les enquêteurs, sa situation a beaucoup empiré l'an dernier : son cabinet de prothésiste a commencé à piquer du nez, il a divorcé, sa nouvelle fiancée s'est retrouvée au chômage et il ne pouvait plus faire face aux factures. D'où son idée d'aller chercher de l'argent là où il se trouve : dans les banques.
Dans un de ses livres sur l'aïkido, il dit qu'il eut la révélation sur la force de cette pratique à l'âge de 12 ans lorsqu'il a vu un homme timide, maître dans cette discipline, intimider des délinquants par la seule force de son regard. Dans un autre ouvrage, Réflexions d'un guerrier, il expliquait : "La vie de l'homme est un chemin plein de doutes et d'hésitations ; et seul celui qui réfléchit et médite sur le chemin parcouru parviendra à la certitude qui effacera le moindre doute."
José Luis Isidro Casas,
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